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A l'ombre d'un cerisier...

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Message par Zark! Mer 26 Jan - 0:12

« Chacun de tes regards est une déclaration…tu es fier Zark, je sais que tu ne viendrais pas réclamer en pleurant ce que je ne peux t’offrir. » On lui avait volé tout espoir.

A l’ombre d’un arbre du verger de Tolbas, Zarkandeus Lamendhon ne sentait plus le parfum de l’Aria fraîche ni n’entendait le bruissement des ailes du pluma venu picorer un méla mûr à point, juste à côté de lui.
La pulpe de ses doigts fin et habiles s’était figée sur sa joue brune, espérant capturer à jamais la caresse de la chemise pourpre sur laquelle il avait répandu ses larmes quelques minutes auparavant. Lui qui aimait tant les vers avait inscrit sans conscience son destin dans un tragique poème. Sublime image d’un romantisme exacerbé et délicat, statue de chair vibrante et enivrante, il gisait là, immobile. L’éther s’amoncelait autour du bel endormi aux yeux grand-ouverts. Il offrait au monde un de ces spectacles d’une telle beauté qu’ils ne peuvent se produire qu’à l’abri des regards. Personne pour voir comme le temps semblait infléchir ses règles les plus profondes, affolé par cette beauté inerte et pourtant jaillissante, on eut dit qu’il s’arrêtait et s’accélérait tout à la fois. Personne pour voir l’un de ces petits miracles d’Atréia, l’un de ces rares instants sans fin où la vie et la mort se mêlent, s’embrasent et s’embrassent sur le bord des lèvres d’un jeune prostitué amoureux. Le jais carnacier de ses soies ébouriffées ne parvenait pas à dévorer l’aigue-marine d’un regard lointain et pourtant ancré dans la force vive d’un cœur brûlant.

A des miles de là, dans un manoir délabré empestant la cruauté et la luxure, un homme ne se doutait pas que ce qu’il avait toujours redouté était en train de se produire. Il avait lu les prophéties d’Isania Lamendhon annonçant sa défaite face à Zarkandeus et avait décidé de contrer le destin. Il avait exécuté cette famille sans oser tuer les enfants, la prophétie était claire : « L’ombre de lucre et luxure fléchira sous l’assaut de l’aigue marine ; la mort lui aura donné les armes ». Il fallait le briser sans le tuer, et aujourd’hui, satisfait, il estimait tout danger écarté. Transformé en petite catin, l’ombre de sa perte n’était plus qu’une mauvaise plaisanterie qui lui rapportait des montagnes de kinahs.
Si Xanthor avait pu aimer, il aurait su qu’il y a mille façons de mourir et peut-être alors aurait-il tremblé devant le visage lumineux de Dale éclatant d’un rire chaud au milieu d’un nuage de fumée. Peut-être aurait-il compris que Zark allait perdre la vie.

La volonté d’Aion est un mystère, et comme tous les mystères, elle ne se comprend pas, elle se contemple. Sous ce cerisier qui avait fleuri dans la nuit d’hiver, le visage de l’amoureux se dessinait dans la nuit, baigné d’une douce lueur d’éther. L’énergie divine n’était pas autour de lui, ni en lui. Il se fondait en elle. Nul ne peut prétendre tout savoir sur le corps des daevas, ne sont-ils pas le prolongement d’Aion lui-même ? Les flux lumineux se tordaient comme autant de torrents dans lesquels Zark se baignait. Les anges divins ne trouvaient pas leur puissance que dans l’entrainement et le labeur. L’ascension n’est pas une fin mais un commencement, le premier pas d’une marche vers les desseins du créateur. En s’abandonnant comme il le fit ce soir là, en se fondant avec le monde, le sourire de Sanctum mourut. Il avait rejoint l’éther, pas par lâcheté, par communion.
L’aube vint caresser son cadavre et faire danser ses flammèches orangées sur son armure d’or et d’azur. Le sel de ses larmes avait laissé de fins tatouages blancs venant mourir sur sa bouche esquissant un doux sourire prêt au baiser. Cette nuit, celui dont personne n’a jamais su pourquoi il avait reçu l’appel d’Aion, cet être écorché vif avait enfin connu la paix, pas en s’éteignant, mais au contraire, à travers l’éther et la lumière. On aurait pu le croire endormi si sa poitrine n’avait pas cessé de se soulever. Zark était vraiment beau. L’arbre lui offrit ses pleurs de pétales.
Zark!
Zark!


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A l'ombre d'un cerisier... Empty Re: A l'ombre d'un cerisier...

Message par erualdar Lun 31 Jan - 22:28

*Suite autorisée par qui de droit*

« Du côté d’Tolbas tu d’vrais trouver des plantes pour l’antidote dont t’as besoin, abruti d’disciple! »
La mission à Théobomos l’avait marqué : son père porté disparu, et son bras gauche qui était inutilisable. L’assassin qui devait s’occuper de lui avait inoculé sa lame d’un poison inconnu qui avait paralysé le bras du jeune homme. Il avait effectué des recherches à la bibliothèque de Sanctum, trouvé des pistes, un poison d’origine alchimique certainement… Donc seul un mélange d’herbes pourrait y remédier… Sa dernière acquisition, il la trouverait à Verteron, dans un verger non loin de Tolbas.

Le jour pointait, l’aube levait avec elle un série de questions. Pourquoi lui avait-il dit adieu ? Pourquoi se sentait-il si mal ? Pourquoi son bras lui semblait plus léger que son cœur ? Pourquoi… ? Non. Se concentrer, trouver la plante, préparer le sérum et reprendre l’entrainement. Le verger était beau. L’or enveloppait les fruits et les arbres, le calme du matin s’éveillant était présent. Oui c’est calme, silencieux, un silence de mort. A cette pensée, Dale se figea. La douleur de son bras commençait à l’atteindre mentalement et psychologiquement. Il s’agenouilla pour cueillir la plante désirée. Un parfum de cerisier embaumait l’endroit, son odorat était captivé par cette douce odeur. Sa vue fut quant à elle happée par une brume blanchâtre. Non pas une brume, ce n’était pas de la brume, une sorte de chaleur enivrante émanait de cette lueur. Puis, il comprit. De l’éther. C’était de l’éther ! Il s’avança dans cette direction. Cette brume tournait autour d’une forme, non d’une silhouette, non d’un corps. Zark.

Les souvenirs de l’après-midi submergèrent Dale. Cette lourdeur en lui, cette douleur dans son cœur, l’humidité de sa tunique due aux larmes de Zark… Ces larmes qui coulèrent lorsque son ami lui avait dit adieu. Voir Zark ici, somnolant sous ce cerisier, redonna le sourire à Dale. Son ami, son frère, son amant d’une après-midi était là sous ce… Dale fut surpris de se mettre à repenser à ce moment avec Zark. Ces instants d’infinie sensualité, cette confiance partagée, cet abandon auquel ils s’étaient tous les deux laissés aller. Un pincement, oui Dale ressenti un pincement au cœur. Avait-il eu raison de s’engager avec Lyne ? Pourquoi n’avait-il pas laissé sa chance à Zark? Oui pourquoi… ?

Se rapprochant de ce dernier, son pincement devint froissement, puis déchirure. Il ne respirait pas. Le ventre de Zark n’ondulait pas. Dale se précipita vers lui, son bras gauche sorti de l’étreinte contrainte du bandage. Bras gauche ballant, il s’agenouilla auprès de Zark. Premiers réflexes dans ce genre de cas : être calme, prendre le pouls… Non il n’arrivait pas à rester calme. Impossible. Il lui avait dit adieu, il lui avait dit qu’ils ne se reverraient plus. Tout s’effondra. A commencer par Dale. Tête sur le ventre de Zark, il pleurait. Des larmes trempaient à nouveau une tunique. Les rôles étaient juste inversés. Des « pourquoi ? » s’échappaient entre sanglots et hurlements de douleur. Redressant Zark de son seul bras valide, il le serrait contre lui. Le corps amorphe de Zark était pourtant encore chaud. L’éther de Zark les enveloppait. Une chaleur apaisante. Douce, chaude, suave. Comme Zark.

Accepter. Il le fallait. Accepter le choix de Zark. Il adossa Zark à l’arbre. Essuya les pistes blanches laissées par les pleurs. Il allait lui faire cadeau, de ce qu’il n’avait pu lui offrir. Oui, un dernier contact, sentir une dernière fois cette douce caresse. Lentement, Dale alla poser ses lèvres sur celles de Zark. Une douce chaleur entra en Dale, l’éther de Zark le pénétrait. Ils ne faisaient plus qu’un. Le temps s’étirait en longue et langoureuses secondes. Les lèvres chaudes de Zark faisaient s’éveiller à Dale des sentiments qu’il s’était refusé d’admettre. Ce qui mit fin au baiser. Non, ça ne pouvait être… impossible… Et… Lyne ? Dale recula.

Dos face à Zark, Dale se cachait pour pleurer. Alors que les larmes coulaient, Dale jura. Oui, il fit à la promesse à son ami ?, amant ? peu importe en fait, il promit à Zark de prendre soin de sa sœur et de s’occuper de l’enfoiré. Oui, en partant, Dale avait promis. Une promesse qu’il devra honorer dans le sang. En pensant à Xanthar, Dale fut enveloppé par l’Ether ambiant. Cette aura d’Ether était sombre, Dale était plongé dans une nuit de haine pour celui qui avait poussé Zark au désespoir le plus total.
Avant de partir, Dale remarqua le parchemin qu’il avait offert à Zark. Il le prit. Lorsque le parchemin fut reposé, une autre promesse y avait été écrite à la plume. Alors Dale partit, sourire aux lèvres et larmes aux yeux. Oui, Zark était beau sous cet arbre…
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