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Message par Zark! Ven 18 Fév - 4:24

(pardonnez les fautes et les probables lourdeurs !
La video correspond à la chanson dont il est question dans le texte)

Seul à même de chasser les relents âcres des immondices balaurs, le parfum des fleurs de Poéta quittait les narines d’un jeune homme à la démarche leste. La douceur de l’herbe fraiche sous ses semelles usées avait été remplacée par la rigueur de pavés qu’aucune pluie ne venait jamais arrondir. Zark connaissait bien cette ville maintenant et ses pas le guidaient avec l’assurance de l’habitude et laissaient son esprit s’échapper.
Comme l’onde agitée d’une mer toujours capricieuse il s’en allait montant, descendant, léchant les berges à la fois fortes et érodées de son sourire d’enfant. Il s’amusait lui-même de se savoir incapable de constance, jamais il n’avait pu choisir entre la joie et la peine. Plus qu’ailleurs, elles se livraient en son cœur un combat éternel et il passait de l’une à l’autre comme on parcourt un sentier tortueux. Il secoua la tête ; ou du moins il pensait l’avoir fait. Non, il n’avait pas un cœur belliqueux, il n’était pas inconstant. Bien au contraire, comme une pécheresse épuisée par ses fautes s’en va trouver refuge sous un voile de dévotion, il s’était voué à l’espoir.
Dans la lumière d’Aion naissent tant de fleurs qu’aucun pied ne pourra jamais les fouler toutes. Le jeune prostitué offrit toutes ses dents découvertes et son regard rieur au plumis aventureux qui avait volé si haut. Il aimait tant se rappeler des paroles de sa mère.

Ce soir il n’avait pas envie de gésir dans des draps de sobi. Il ne voulait pas étouffer sous la poitrine gonflée d’une veuve qui portait bien mieux les ors de ses bijoux que le deuil qu’elle affichait en salon et chassait d’un geste esquissé par une main grasse emprisonnée de pierres. On s’accommode de l’horreur, on ne s’y habitue pas. Pourtant dans le sang de la victoire, il avait vu la beauté de ces mercenaires, de ces soldats. Des gens simples aux mains larges et calleuses. C’était à eux qu’il préférait s’offrir contre quelques kinahs.


Zark aimait ces docks qui l’avaient abrité à son arrivée. Toutes ces ombres invisibles dans les lumières éblouissantes de Sanctum, ces ombres de violence, de crasse et de tendresse. Ceux qui l’avaient caché, recueilli au tout départ. Il n’entendait plus le bruissement de ses pas et sans même regarder, il savait qu’il était arrivé. La musique grondait et les rires tonnaient. Les cuivres des pintes disparates s’entrechoquant martelaient un rythme fou d’une symphonie où les vents puissants et graves qui s’extirpaient de lèvres mouillées d’alcool venaient flatter la croupe d’une danseuse ronde. On y frappait d’innombrables tambours aux proportions majestueuses, ces caisses de bois blanc usé par les tempêtes qui faisaient tant souffrir leur dos. Les cordes silencieuses tournoyaient pourtant d’un éclat plus brillant que les plus beaux diamants, les fils décousus de jupons aux couleurs criardes et merveilleuses. La pisse coulait ici bien plus que les kinahs, mais peu lui importait la promesse d’une recette bien maigre, ici moins qu’ailleurs il se sentirait sali.
Sans un mot il laissait les effluves de ces hommes et ses femmes empester doucement ses narines et le ramener du champ de bataille et des peurs de l’amour. Là contre une gorgée de bière il massait Manon n’a qu’une dent comme on masse une marquise, là contre un bol de curry il pansait la fétide gangrène de Kormac le pourri. Qu’allait-il devenir ? Hypnotisé par les rondes des femmes il sentait tournoyer dans sa tête tous doutes malicieux. Pourrait-il arracher sa liberté ? Pourrait-il le guider jusqu’à lui, là où il n’y a de place que pour deux ?
Tu sais où me trouver ? Oui, mais toi, sais tu où tu vas ?

Le rideau s’écrasa sur l’orchestre brillant et grossier ; comme au dernier acte, quand les pleurs retentirent d’une mère dont le fils venait d’expirer. Il n’avait pas résisté à sa terrible pneumonie. Pas une éructation ne vint troubler le silence qui accompagna son âme. Zark le connaissait bien, il lui avait emprunté des habits. Des tréfonds d’un enfer accueillant où le magma sent le tabac une voix s’éleva.





S’avançant vers la pauvre éplorée, le petit masseur lui pris les mains pour les baisers. Lorsqu’il releva la tête, il lui montra son vrai regard, son vrai visage. Il était devenu grand, il était l’espoir. Doucement, il la serra contre lui ; une main sur la hanche l’autre mêlée aux doigts gourds d’une femme brisée se dressait, haute et fière. Lentement il fit un pas, puis deux. Surement, elle se mit à le suivre, ils dansèrent. Une jeune putain pris la main d’un borgne. Celui qui venait de vomir, se mit à pleurer et son épouse lâcha la main de leur fils pour le rejoindre. Deux vieilles mercenaires qui avaient vu passer trop d’hiver pour se soucier des moqueries s’enlacèrent et réglèrent, malgré elle, et comme les autres, leurs pas sur ceux de Zark. Des larmes tentèrent de se frayer un chemin à travers les crevasses de ces visages parcheminés, des sourires forcèrent sans mal les gerçures et l’éternité dura quelques couplets encore. Au dernier mot du chanteur, un jeune homme aux cheveux de neige regarda le ciel et murmura si fort un prénom qu’un être à Sanctum se sera éveillé étreint d’une douce chaleur.

Zark!
Zark!


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